La mort d'un homme bon
Hier donc, l'abbé Pierre nous a quitté après tant d'années de lutte auprès des plus démunis.
L'an dernier encore, à 93 ans, ils se déplaçait à l'Assemblée nationale pour peser de tout son poids contre les tentatives de certains députés d'assouplir l'obligation de construire des logements sociaux dans certaines communes peu pourvues.
Tout a été dit ou presque et dans le flôt des interventions se mêlent celles des proches, des compagnons de route à celles des anonymes, des commentateurs professionnels ou des politiques.
J'aime bien pour ma part celle des Guignols qui ont l'habitude de croquer avec tendresse son inaltérable esprit de révolte (utilisez mon mail : benoit_lanusse@yahoo.es et mon code : canalplus pour regarder la vidéo).
De partout viennent donc les hommages car il a profondément marqué l'histoire de notre pays et beaucoup d'entre-nous.
Mais comme à chaque fois qu'il nous a interpellé, on peut imaginer que d'ici quelques jours beaucoup seront passés à autre chose.
Et donc j'ai entendu plusieurs fois la question hier : "Qui va prendre la suite ?"
"Si je meure demain matin, tout est organisé pour continuer sans souci... Je n'ai aucune inquiétude."
Cette phrase, tirée d'un beau document de la Fondation Abbé Pierre, résume, il me semble, la situation d'un mouvement où l'Abbé Pierre avait depuis longtemps délégué les responsabilités et transmis ses convictions.
La Fondation Abbé Pierre publiera d'ailleurs le 1er février, comme chaque année (le rapport 2006), son rapport sur le mal-logement qui concerne en France plus de 3 millions de personnes.
Cette année elle insistera sur le décallage entre les discours officiels et les politiques mises en oeuvre car, comme je vous l'ai déjà signalé, si le nombre de logements sociaux construits a augmenté ces dernières années, ce sont essentiellements des logements sociaux à destination des classes moyennes. Le logement "très social" pour les personnes les plus en difficultés n'a pas la même côte auprès des élus, des offices ou société HLM et des riverains effrayés.
Est-ce que l'on aura le même battage médiatique pour ce mémoire dérangeant que pour le decès de son instigateur ?