Vers une recomposition institutionnelle
"Mozaïque bordélique", c'est ainsi que je qualifiais la mozaïque institutionnelle de l'aire urbaine de Toulouse dans mon article "Toulouse : quel(s) territoire(s) pour quel(s) projets(s) ?".
J'y soulignais qu'un des plus gros problèmes de Toulouse et de son aire urbaine me semblait être son incapacité à définir :
- des périmètres lisibles et cohérents d'aménagement de son territoire,
- des projets de territoires globaux et agencés,
- des institutions fortes et opérationnelles qui correspondent aux territoires de vie et de projets.
L'élection de Pierre Cohen à la mairie de Toulouse devrait être le déclencheur d'une recomposition de paysage institutionnel que beaucoup estime nécessaire aujourd'hui.
Les mairies de quartier de Toulouse
En 2001, suite à son élection comme maire de Toulouse, Philippe Douste-Blazy avait nommés 17 maires de quartier censés promouvoir une démocratie de proximité.
Même s'il y a eu des avancées, les critiques ont été nombreuses tant sur le fonctionnement que sur le découpage qui reprend celui des cantons (voir ci-dessous).
Ce dernier, en effet, était particulièrement incompréhensible tant il semblait fragmenter la ville de manière incohérente (pas de correspondance avec les quartiers "historiques", quartiers découpés comme le centre-ville ou Compans séparé d'Arnaud Bernard, Mirail isolé, etc.).
Ce découpage s'est révélé très peu opérationnel, les maires de quartier étant seulement des relais (du haut vers le bas et du bas vers le haut).
Hier, Pierre Cohen, qui a basé une part de sa campagne sur la fragmentation de Toulouse, a nommé seulement 6 "maires de quartier".
On peut imaginer que le découpage correspondra, à peu près à celui que j'ai dessiné ci-dessous avec un centre-ville unifié et 5 secteurs périphériques.
Une telle organisation pourrait paraître "moins proche" des habitants, mais ne le serait pas forcément car elle serait beaucoup plus opérationnelle.
Elle devrait, en effet, permettre de croiser une politique thématique (urbanisme, habitat, enfance, etc.) avec une réflexion sur les secteurs dans le but de reéquilibrer la politique municipale et d'essayer de réunifier la ville (il y a une vie après les boulevards et la rocade).
Ancien découpage | Nouveau découpage ? |
Vers une refondation des intercommunalités
Comme je l'ai déjà signalé, Toulouse est très en retard en terme d'intercommunalité.
Alors que la plupart des grandes agglomérations françaises sont organisées autour d'une communauté urbaine, le Grand Toulouse est encore une communauté d'agglomération aux compétences réduites et au périmètre étonnant.
Les prochaines années devraient voir la création d'une communauté urbaine qui réunira sûrement tout ou une grande partie des communes inclues dans le SCOT (schéma de cohérence territorial) central de l'aire urbaine (en jaune sur la carte à droite ci-dessous).
Celle-ci devra réunir, non seulement les communautés d'agglomération, de communes et les communes, mais aussi les très nombreux syndicats intercommunaux (voirir, assainissement, eau potable, etc.).
Mais cette refondation des intercommunalités ne devra pas s'arrêter aux communes qui intégreront la communauté urbaine de Toulouse.
En effet, au-delà aussi il y a souvent besoin d'une refondation afin qu'émergent des intercommunalités correspondant à des bassins de vie suceptibles de s'inscrire dans la dynamique de l'aire urbaine (qui ne s'arrêtent pas aux limites de la Haute-Garonne).
Découpage actuel | Futur découpage suivant les SCOT ? |
Quelle gouvernance pour l'aire métroplitaine ?
Mais l'aire urbaine de Toulouse (plus de 300 communes) n'est pas toujours un niveau suffisant.
En effet, c'est d'une véritable aire métroplitaine dont Toulouse est le centre et qui inclut les aires urbaines de villes moyennes (Montauban, Albi, Castres, Carcassonne, Pamiers, Foix, Saint-Gaudens et Auch) ainsi que des zones rurales.
Là encore se pose la question du projet de territoire et de l'institution capable de le porter.
Faut-il encore un nouvel échelon (de gestion ou seulement de coordination) ou ceci doit-il se faire au niveau du Conseil régional ?
Aires urbaines (INSEE) | Grandes orientations de l'interSCOT |
Des enjeux pour demain
Avec la décentralisation, les échelons admministratifs se sont multipliés et empilés.
La mozaïque institutionnelle qu'ils forment et le décalage avec la réalité de la vie des territoires expliquent en partie la difficulté à mener des politiques publiques cohérentes et efficaces.
Toulouse est un exemple éloquent d'une mozaïque particulièrement "bordélique" aujourd'hui très pénalisante.
Une fenêtre s'ouvre d'une recomposition du paysage institutionnel à toutes les échelles (du "quartier" à la métropole) afin d'être capables d'élaborer des projets de territoires cohérents et de disposer d'institutions capables de les mettre en oeuvre.
La "Métropole toulousaine" saura-telle se mettre en ordre de marche, unie dans sa diversité ?
Plus que de l'avenir de l'aéronautique, son futur en dépend.