La question du périmètre pertinent pour le "projet de ville"
Un nouvel article sur le "Grand Paris" me donne l'occasion, d'évoquer à travers l'exemple parisien, le sujet du territoire pertinent du "projet de ville" dont je parlais dans mon article "Un urbanisme politique ?".
Notre histoire nous a légué 36 000 communes, 4 000 cantons, des districts, des départements, des régions, des syndicats mixtes en tout genre, des Pays, des communautés des communes, des communautés d'agglomérations, des communautés urbaines, bref une supperpositions d'échelons administratifs et politiques dont la trop grande complexité freine l'apparition d'échelons pertinents pour l'organisation et l'aménagement du territoire.
Il y a, par exemple, une différence importante entre la cohérence de la commauté urbaine de Bordeaux, ensemble de 27 communes qui gèrent ensemble, notamment, les questions de l'urbanisme, des transports, de l'habitat, et le non pas "Bordel magnifique" de Cali, mais bien bordel, tout court, de l'agglomération toulousaine et de sa mozaïque d'institutions.
J'entamerai bientôt une série d'articles sur la tentative d'avoir enfin une démarche cohérente et partagée à travers l'inter-SCOT toulousain.
Et cette question du territoire pertinent se pose aussi dans le monde rural.
Il n'y a jamais de réponse simple généralisable à l'ensemble du pays.
Néanmoins, il me semble essentiel que s'accélère l'émergence de territoires institutionnels correspondant aux bassins de vie du XXIe siècle.
Certains ont bien avancé, d'autres sont encore très très en retard.
Et Paris fait partie de ces derniers.
Le pari du "Grand Paris"
Que dit donc cet article ?
Tout simplement que Paris est à l'étroit dans ses frontières de 1860 (seulement 105 kilomètres carrés, contre 889 pour Berlin et 1 579 pour Londres).
Comment traiter les questions de l'urbanisme, des transports, du logement, de l'emploi, des graves déséquilibres et des convergences sur celles-ci en continuant le chacun pour soi, le chacun chez soi ?
Comment considérer encore le périphérique comme une frontière quand il est, comme le fait remarquer le journaliste, d'abord une césure dans un territoire correspondant à la partie la plus dense de l'Ile-de-France, soit plus ou moins l'ancien département de la Seine (disloqué en 1968 en quatre : 75, 92, 93 ,94), quelques 80 communes et 8 millions d'habitants.
Et pourtant bien des freins persistent dont certaines préoccupations politiciennes et une certaine peur de l'impérialisme parisien.
Le 9 novembre dernier s'est réunie une conférence métropolitaine de l'agglomération parisienne, instance totalement informelle, mais qui, au moins, pose la question de la collaboration de Paris et de sa banlieue.
Mais on est encore bien loin de déboucher sur le choix d'un territoire pertinent et d'un vrai projet pour celui-ci.
Leurs "Grand Paris"
Le Paris fractal d'Alain Renk
Alain Renk, dont je vous ai déjà parlé, prône l'émergence d'un "Grand Paris" fédération des différents bassins de vie de la métropole.
"Imaginons un instant que la frontière Paris banlieues disparaisse, non pas dans l'intégration des banlieues à un majestueux et unique Grand Paris, mais qu'à l'inverse la multiplicité inventive des banlieues rejoigne la ville historique, pour donner naissance à une nouvelle entité, constituée par exemple d'une quinzaine de quartiers métropolitains, organisés à partir des bassins de vie parcourus quotidiennement par les habitants. Certains quartiers métropolitains regrouperaient sans distinction communes de la première couronne et arrondissement parisien. D'autres seraient plus extérieurs et intégreraient des espaces de nature ou agricoles. [...]
L’autonomie ainsi organisée des nouveaux quartiers garantirait toute tentation de retour à un Grand Paris unitaire. L’évolution serait ainsi définitive vers une métropole fractale vivante et expérimentale, aux multiples facettes, constituées de l’identité différenciée des territoires. L’équilibre global de l’écosystème urbain sera lié à l’équilibre de chacune de ses parties."
Plus d'infos sur son site : "Métropole fractale" et "Vous avez dit fractal ?"
Petit BONUS : un article que m'a envoyé Alain il y a quelques mois sur le Salon international de l'Immobilier, le Mipim 2006
La banlieue au centre du "Grand Paris" de Roland Castro
Roland Castro est un architecte militant.
Dans les années 80, il fait partie des précurseurs en terme de politique de la ville, notamment avec "Banlieue 89", mission confiée par François Miterrand, qu'il anime avec Michel Cantal-Dupart, l'un de mes anciens professeurs, et dont l'objectif est de réhabiliter et relier entre elles les banlieues.
Aujourd'hui, il est candidat à l'élection présidentielle.
Concernant Paris, Roland Castro propose "penser radicalement les rapports du centre à la périphérie, de déplacer le regard, aujourd’hui obsédé de centralité archaïque, au profit de la construction d’une centralité périphérique et de le faire avec l’Etat qui donne l’exemple. Sa solution : déplacer les ministères régaliens au Nord et les ministères techniques et culturels à l’Est et au Sud. Par exemple, l’Elysée et Matignon à Saint-Denis, la place Beauvau (Intérieur) à Rosny-sous-Bois ou encore la rue de Valois (Culture) à Vitry, là où le premier musée d’art contemporain de "banlieue" a eu tant de mal à voir le jour."
Plus d'infos dans cet article et cette vidéo.
Paris est sa banlieue
Voici deux ans que Jean-Paul Chapon, citoyen passionné par la question, développe ses réflexions sur son passionnant blog "Paris est sa banlieue" que j'avais un peu perdu de vue.
Pourquoi ce titre ? La réponse est là.
Pour le reste, je ne peux que vous inciter à fouiller dans son blog qui fourmille d'idées, de documentation, de note d'actualités, etc.