Péripéties
8h13, je sors de chez moi. Il pleut.
Deux options :
- je marche 13 mn, sous la pluie, jusqu'au Capitole ; 1mn pour prendre mon billet et je prends le métro jusqu'à Basso Cambo ; je devrais donc y arriver vers 8h40 et je peux donc tranquillement le bus 58 de 8h50 ; j'arrive à Villeneuve Tolosane à 9h10 et à 9h12 je suis dans mon bureau,
- j'attends pénard le bus de la ligne 1 qui fait le tour des boulevards et qui passe donc devant chez moi ; 7 mn plus tard, je descend à Esquirol où en 2/3 mn je suis dans le métro ; 11 mn après je suis à Basso Cambo où à 8h50, je prend le 58.
N'ayant pas spécialement envie de me mouiller, j'opte pour la seconde.
Il n'y a qu'une seule inconnue : combien de temps me faudra-t-il attendre le bus 1 ? Les lignes les plus fréquentées n'ont pas d'horaires fixes, juste une fréquence théorique : "environ 10 mn" dans ce cas là.
Ceci voudrait dire que "normalement", on devrait attendre son bus "au plus" 10 mn, sauf que des fois, c'est 1 mn et d'autres presque 20 (plusieurs bus se suivent alors).
Tout cela, je le sais, je fais donc mon calcul : 50 -7 -3 -11 -1 = 28. J'ai donc 15 mn pour attendre sereinement mon bus.
J'attends donc.
8h23 : 10 mn et toujours rien.
8h25 : mrd, j'aurais dû aller à pied au Capitole.
8h28 : ils vont réussir à me faire louper mon bus et je ne sais même pas combien de temps il me faudra attendre le prochain.
8h29 : enfin ! Cela va être difficile !
8h39 : je suis dans le métro ! Mrd, cela va être juste, juste.
8h50 : on arrive, le bus est encore là ! Ne pars pas, ne pars pas ! Vite prendre l'escalator en courant.
8h51 : au moment où j'arrive sur le quai des bus, j'aperçois le bus 58 qui 50 m plus loin vient de démarrer : mrd !
8h52 : alors à quelle heure est le prochain 58 ? 9h20 ! Une demi-heure de plus à attendre.
8h53 : à moins qu'il n'y ait un départ du 47 avant ? 9h15 ! C'est toujours 5 mn de gagner.
9h37 : je suis dans mon bureau. Il m'aura fallu 1h24 pour faire 17 km !
Même quand tout se passe bien, un tel aller-retour prend entre 1h40 et 1h50 tous les jours (pour 34 km au total). C'est moins cher et moins stressant que prendre des routes systématiquement sur-chargées, mais c'est quand même beaucoup plus long qu'en voiture (50 mn plus le temps de se garer en ville le soir).
A la fin du mois, avec l'ouverture de la seconde ligne de métro, le même trajet sera beaucoup plus rapide (environ 1h20) et, surtout, les incertitudes réduites. L'option transports en commun sera alors plus intéressante.
Faire l'expérience des choses
Pendant la durée de ma mission à Villeneuve Tolosane, commune de la seconde couronne de l'agglomération toulousaine, j'ai donc décidé de réduire au maximum mon utilisation de ma voiture.
Au-delà des avantages immédiats pour moi (je n'aime pas conduire), ce qui m'intéresse, c'est faire l'expérience, dans la durée, des transports en commun dans sa vie quotidienne.
En effet, si les urbanistes valorisent généralement dans leurs discours les transports en commun combien les utilisent réellement ?
Il ne s'agit pas pour moi de faire une quelconque morale, mais bien, avec cette expérience choisie, de mieux connaître, de vivre "une autre manière de se déplacer" pour mieux percevoir ses avantages, ses contraintes, en quoi elle modifie nos perceptions du temps, de l'espace, nos manières de vivre, etc.
Pourquoi certains sont prêts à perdre des heures dans les bouchons dans leurs voitures, mais refusent de prendre des transports en commun qu'ils perçoivent très contraignant ?
Il n'y a pas de réponses simples, ce qui est intéressant, c'est les nuances.
Sur le thème de la mobilité, je vous rappelle l'existence de cette excellente compilation d'articles de chercheurs : "La ville aux limites de la mobilité".